Trois mois à Chimding

Publié le 27 avril 2016


Bonjour, me voici rentré de mon voyage au Népal. Je ne vous écris que maintenant car je n’ ai pas eu accès à internet durant mon séjour et mes premiers jours en France ont été très chargés.

Ce fut une très bonne expérience, les gens du village de Chimding sont en effet très accueillants et hospitaliers, à tel point que c’en était presque gênant parfois pour un européen n’ayant pas l’habitude de se faire servir.

Il fait bon vivre dans ce petit village où l’on ne manque de rien si on est pas trop matérialiste et pas trop attaché à son petit confort à l’occidentale (excepté les légumes verts qui font défaut à cette période de l’année), et ce fut fort agréable pour moi de me couper un moment du rythme de vie effréné de la France où l’on vit dans le superflu et où l’on se crée en permanence des besoins artificiels en oubliant souvent l’essentiel.

Je ne prétends certes pas que la vie est plus facile là bas, mais elle y est beaucoup plus simple. Le travail y est rude et ne manque pas mais on sait pourquoi on l’accomplit, contrairement à la France où l’on se demande parfois pourquoi tout le monde court alors que l’on possède déjà tout.

La reconstruction des maisons a bien avancé, j’ ai participé à la reconstruction de trois d’entre elles, un peu à celle de l’école (surtout au début pour aplanir et préparer le nouveau terrain), ainsi qu’à d’ autres taches pour aider Mingmar le frère de Sukman chez qui je vivais (coupe de bois, travail au champs, construction d’un abris pour le bois...).

Deux choses tranchent complètement avec le travail sur un chantier en France : la première concerne bien évidemment les conditions de travail et le matériel utilisé, tout prend beaucoup plus de temps sans l’aide de machines (notamment pour la menuiserie, le terrassement et le transport de matériaux), et la seconde est la bonne humeur qui règne sur le chantier. Il était tellement plus agréable et gratifiant de travailler pour des gens qui avaient réellement besoin d’aide et qui exprimaient leur reconnaissance plutôt que pour un patron qui nous dit sans cesse d’aller plus vite tout ça pour gagner un peu plus d’argent dont il n’a pas besoin.

J’ai été très intéressé d’apprendre les techniques de débit du bois et de menuiserie à l’ ancienne, moi qui n’avais appris à travailler qu’à l’aide de machines, même si c’est évidemment beaucoup plus long : quatre jours complets passés à tailler des mortaises pour les fenêtres et pour le toit d’une maison alors que le même travail m’aurait pris trois heures maximum en atelier avec les machines adéquates, ça fait réfléchir, de même lorsque l’on est vingt cinq personnes armées de pioches et de pelles et que l’on passe une journée à aplanir un terrain là où un bulldozer aurait mis une heure.

Le plus dur pour moi fut le transport de pierres en portant avec la tête pour les amener de l’ancienne à la nouvelle école, à cette occasion je me suis bien vite rendu compte que je ne possédais pas la force et l’endurance des népalais, loin s’en faut, même si on ne m ’en demandait pas trop et qu’on me ménageait. Comme pour tout d’ailleurs. Bien qu’ayant travaillé quasiment tout les jours mes horaires étaient somme toute relativement restreintes et j’étais au final bien content d’avoir payé pour mon hébergement et ma nourriture, ce qui me permettait de n’avoir pas trop de scrupules à me reposer quand j’en avais besoin.

Mon seul regret est de n’avoir pas créé de réel lien avec la population du village à part avec Mingmar et l’ainée de ses deux filles qui m’appréciait beaucoup comme compagnon de jeux, la majorité des gens ne parlant pas l’Anglais et n’étant pas moi même d’un naturel extrêmement sociable je n’ai que très peu appris le Népalais et mes contacts avec les gens sont restés somme toute limités. Ce n’était pas tous les jours facile mais cela m’a permis d’un autre côté d’avoir beaucoup de temps pour me retrouver avec moi même, ce dont j’avais besoin.

Au final je suis très content de cette expérience qui m’a énormément appris et fait me remettre en question, et qui je pense et j’espère leur fut utile.

En vous remerciant de m’ avoir mis en contact avec ce village et d’avoir rendu ce voyage possible.

Alexandre