Mon premier voyage au Ladakh

Publié le 2 septembre 2013


Ce qui m’a amené au Ladakh

Premier contact avec Epicea lors d’une vente d’objets sur mon lieu de travail au profit de l’association. Je suis attirée par les objets vendus que je trouve raffinés. Je suis sensibilisée par les actions menées, en particulier par le parrainage pour la scolarité des enfants.

Premier contact avec le Ladakh que je ne connaissais pas du tout grâce à un documentaire sur le Ladakh prêté par une collègue. Philippe et moi sommes touchés par l’authenticité de ce peuple malgré la rudesse des conditions de vie dues au climat, à l’altitude et à la géologie.

Le parrainage de ma filleule va accélérer l’idée du voyage qui murit petit à petit. Impossible d’abord pour des raisons pratiques, c’est notre présence à la dernière assemblée générale qui va tout déclencher. Malgré la distance, je trouve important d’aller à cette AG pour connaître un peu plus l’association Epicea, ses membres et ses actions. J’apprends alors qu’un petit groupe de 5 personnes part en juin : Francine, Brigitte et Christian, Michelle et ses 2 petits-enfants, Jasmine et Adam. Ces conditions étaient très favorables pour moi du fait de ma disponibilité et du retour de ma filleule au village pendant cette période. Encouragée par Philippe, je décide alors de partir, ma demande étant acceptée par le groupe. Les billets d’avion sont commandés dès la fin du week-end.

Les paysages

Le vol de Delhi à Leh est la dernière étape de notre voyage.
Le paysage, en arrivant sur Leh, est saisissant et me sort de ma torpeur.
La descente progressive nous fait raser les montagnes ; on se demande où l’on va atterrir. Partout, des hauts pics rocheux... On découvre enfin le petit aéroport de Leh et l’atterrissage se fait en douceur.

De Leh à Sharnos, le même paysage de haute montagne. Pas de végétation, que du minéral. L’impression d’un paysage sans vie.

Et soudain, au détour d’un virage, la vallée découvre sa verdure et ses habitations.
Je ne me suis pas dit : oh, c’est beau ! Les rochers sans végétation, ce n’est pas ce que je préfère. Mais, à mesure qu’on accède à la vallée, je suis submergée par une émotion.
Une impression de bout du monde. Savoir que des hommes et des femmes vivent ici toute l’année au fond de la vallée entourée de ces hautes montagnes.

Un autre monde. L’immensité, la solitude qui ramènent à soi-même et nous font prendre conscience de notre appartenance à ce Tout immense. Une goutte d’eau dans l’océan...

Le village de Sharnos où nous séjournons est situé dans la partie la plus large de la vallée.
Les hautes montagnes ne sont pas étouffantes mais m’apparaissent comme les gardiennes de la vallée. Le vert des prés d’orge et le jaune des champs de moutarde contrastent avec les couleurs de la roche. La lumière est intense. Le soleil est déjà levé à 5h00 et se couche vers 20h00. De longues journées chaudes et ensoleillées où la lumière varie à chaque instant. Et la fraîcheur du soir invite à profiter et à contempler les nuits claires et étoilées.

C’est une grande sérénité qui se dégage de ces paysages comme des gens qui vivent là.

Les hommes et les femmes

Nous sommes accueillis à bras ouverts, à cœurs ouverts, comme des amis de longue date.
Il faut dire que Francine, qui fait partie du voyage, est une amie de longue date. Partout, nous sommes attendus, reçus avec thé, jus de fruits, gâteaux, yaourts... tout ce qu’ils ont.

Partages, rencontres, dons, rires. Ce qui me frappe, c’est la joie que chacun exprime malgré la rudesse de leur vie. Tout est prétexte et occasion pour rire, plaisanter, profiter. Pourtant, levés très tôt, ils commencent à accompagner les dzos aux prés, à ramasser les plantes qu’ils feront sécher pour préparer des soupes ou pour accompagner le riz.

D’autres partiront en bus pour aller travailler sur le bord des routes, casser des cailloux pour faire le soubassement des routes. Quand les enfants rentrent de l’école, ils aident les parents dans les champs ou à la maison.

Malgré les journées de labeur difficiles dues à la pénibilité du travail et à la dureté du climat, la vie s’écoule paisiblement.
On est loin de notre vie trépidante où la journée est minutée et où tout espace temps est occupée. Là, on prend son temps. Les enfants peuvent déjeuner et jouer tranquillement avant de se préparer pour aller à l’école.

Les projets peuvent mettre du temps avant d’être réalisés. L’immédiateté n’existe pas. La patience et l’humilité caractérisent les habitants de ces régions rurales. Le bus scolaire attend les enfants s’ils sont en retard ; le chauffeur les rhabille ou leur fait traverser le cours d’eau qui coule trop fort pour que les enfants ne se mouillent pas les pieds.

On est loin de notre complexité. Ici, on se débrouille comme on peut ; on a besoin de trouver des solutions simples et pratiques pour résoudre les difficultés de la vie quotidienne. Peu de personnes ont une voiture ; alors, le bus local qui va de Sharnos à Leh s’arrête chaque fois qu’une personne sur la route lui fait signe ; pas besoin d’arrêts balisés, pas de bus qui nous "passent sous le nez". Un enfant a besoin d’un arrêt "pipi", pas de problème, le bus s’arrête. Le bus transporte aussi toutes les marchandises nécessaires aux habitants : les bouteilles de gaz qui servent à cuisiner, le bois qui servira à construire la charpente d’une maison, les sacs de plantes...

Les soucis et la difficulté de la vie contrastent avec la tranquillité de ce peuple pour lequel la spiritualité compte énormément.

Le travail de l’association

Mon séjour ici me permet de mieux comprendre l’action de l’association et d’appréhender le travail à réaliser.
Ce lien entre la famille qui nous relaie sur place et Epicea est indispensable. Sans eux, aucune action ne serait possible. Par ailleurs, le travail de coordination, de relai, de collecte d’information pendant ces 3 semaines est lui aussi très important.

Nous visiterons chaque famille, verront chaque enfant parrainé, transmettrons les messages et cadeaux des parrains et marraines, prendrons des renseignements auprès des écoles fréquentées pour voir dans quelle classe est l’enfant, s’il a changé d’école, si la scolarité se passe bien. Toutes ces informations pourront ainsi être restituées aux parrains et marraines.

Il est discuté des projets déjà programmés qui restent à réaliser et de ceux à venir. Comment et quand ils vont se concrétiser. Ce sont les gens du village qui décident des actions à mener et des modalités à mettre en œuvre. Parfois, il faut plus de temps que prévu et parfois, le projet peut changer de forme au fil du temps. L’essentiel est de vérifier que les fonds accordés sont utilisés aux fins prévues.
Un grand travail a été réalisé. L’information pourra être transmise aux membres d’Epicea.

Au delà de ce travail précis et parfois travail de fourmi, j’ai été enthousiasmée et enrichie par l’échange, la communication, le relationnel, les émotions partagées.

Après un tel séjour, on revient changé par chaque rencontre, riche humainement. On se pense généreux en soutenant des actions solidaires, mais le vrai don, c’est ce qu’on est capable de donner dans la relation. Dans sa simplicité et sa générosité le peuple ladakhi témoigne de cette qualité humaine. Des relations authentiques se sont créées, basées sur le don et l’ouverture du cœur.

Gina

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