Publié le 19 juillet 2009
L’aube naissante éteint l’un après l’autre les mille et un feux de la nuit froide et étoilée.
Elle s’éveille et sitôt les yeux ouverts, elle bondit hors de son amas de couvertures en tout genre destinées à la protéger du froid mordant de cette région d’altitude.
Oui, elle aime dormir dehors, sur le toit de sa maison. Elle est libre. Libre dans sa tête. Sa tête dans les étoiles. Elle respire du bout du nez. Elle hume la vie, l’apprécie pour ce qu’elle lui apporte de joies simples. Profiter de l’instant présent comme
s’il était le seul qui compte.
Oui, ici et maintenant. La gestion au quotidien d’une vie rustique faite de petites joies épanouies auprès de ses proches.
Et elle a besoin des autres autant que les autres ont besoin d’elle.
C’est vrai, elle n’a pas eu une existence facile. Jamais au cours de sa vie elle n’a trouvé de répit. Chaque jour recommencer les mêmes gestes de la veille. C’est une vie de labeur répétitif, sans jamais de repos, sans loisir, sans argent pour voyager, pour
sortir de son village.
Du reste, elle n’a jamais éprouvé le besoin de sortir du cadre rassurant de son village natal, jamais envie d’aller voir ailleurs.
Il existe un service quotidien de bus pour se rendre à la capitale mais l’idée d’être secouée dans cette boite métallique roulante, serrée, compressée parmi ses congénères pendant les 3 heures que durent le voyage la rebute.
3 heures et 60 km sur un petit ruban d’asphalte le long du fleuve-vie. Elle a bien essayé une fois, cédant à la pression de Lobzang mais son estomac n’a pas aimé. Et le voisin sur lequel elle a rendu son petit déjeuner non plus...
Lundup et elle se sont mariés alors qu’ils n’avaient respectivement que 14 et 12 ans. Ils étaient encore des enfants lorsque leurs familles respectives avaient choisi de les unir. Mais c’était comme ça à l’époque. La protestation était inconcevable et
les jeunes couples apprenaient à se connaître et à s’aimer... Peut être.
Et Lundup "aimait" beaucoup Stanzin. Il lui a fait 7 enfants....
Et çà n’a pas été facile de les élever, les nourrir, les habiller, les scolariser.